J+15 : Le Dernier Jour
d'une vie en Antarctique
Tôt le matin, nous
formions une nouvelle équipe pour gravir le tout dernier glacier de
l'expédition. Avant de s'élancer, il fallait choisir le nouveau leader du
groupe ! Sans hésiter je me suis proposé, tout le monde acquiesça et curieux de
savoir comment le plus jeune de l'excursion managerait l'équipe jusqu'à son objectif
final. Depuis le début du programme "Leadership on the Edge", j'ai
essayé de négocier avec les guides d'aller toujours plus haut car il était
frustrant de ne pas pouvoir escalader tous ces sommets qui se pointaient sous
mon nez… Mais cette fois j'étais satisfait car j'avais une équipe sous ma
responsabilité !
Résultat ? Tout s'est bien passé ! L'ingénieur australien,
Richard Smith (spécialisé dans l'évaluation des émissions de CO2 ou carbon
footprint) m'a remercié et apprécié la manière dont j'ai motivé les membres à
tenir le rythme jusqu'en haut. Pour être franc, j’ai juste donné envie de
monter au sommet, ensuite la troupe a suivi. Yes !
Sur le chemin du retour vers le bateau, j'avais
le sentiment d'être parti depuis des mois, mais je ne voulais pas que ce jour
soit le dernier, car il est improbable de revenir sur ce continent loin de tout...
La raison la plus évidente est que mon message et le pourquoi je suis membre de
2041 n’est pas d’inciter à marcher sur l’Antarctique et perturber l’environnement
via un tourisme de masse qui pourrait se démocratiser et détruire tout sur son
passage, mais de sensibiliser tout le monde sur la nécessité de protéger ce pilier de la biodiversité, de
notre Planète, de notre maison. Quand viendra la modification du traité de l’Antarctique
qui pourrait donner le feu vert aux lobbyings pétroliers en 2041, gardons en
tête que cette partie du monde n’appartient à personne, donc, nous, gens du
peuple avons un réel pouvoir de nous faire entendre !
Nous quittâmes les grandes étendues de glace en
direction du Drake passage et d’Ushuaia. Sur le trajet du retour, l'explorateur
Rober Swan pris le soin de s'entretenir individuellement avec chacun d’entre
nous. Avant que mon tour ne vint, j'avais bien réfléchis à ce que je voulais
lui demander, notamment les questions des personnes qui m'ont aidé lors de ma
collecte des fonds :
- Que se passerait-il si l’Antarctique disparaissait ?
- Ne serait-il pas possible de créer une organisation internationale comme l’OMC pour le commerce, pour protéger définitivement ce continent des lobbyings pétroliers ?
- Pensez vous qu’il sera possible d’extraire les ressources (s’ils en existent) de l’Antarctique sans affecter son écosystème et son environnement ?
- Pensez vous qu’il est bon que différent gouvernements soient en train d’essayer d’atteindre les énormes réservoirs qui sont enfouis sous la glace ?
- En réponse à ces questions, si jamais je récupère les vidéos de l'interview volatilisées avec mon sac à dos, tout vous sera partagé dès que possible !
Ensuite, je lui avais parlé de mon intention de
monter un autre projet, ou m'engager professionnellement pour un « commerce
international durable ». Le problème est que je voudrais être partout où
les choses vont mal pour les résoudre... Robert Swan me calma dans mon
impatience en me disant que j'avais le temps devant moi et qu'il fallait suivre
tout d'abord ce qui me passionnait. Il me lanca alors :
"You have to do something big Theo, and whatever the challenge, go until
the very end of it, and I know that you can do it because you showed to
everyone with your sponsors and your willingness to go forwards during the expedition.
Why not to carry out your own expedition to make a change?! Think big !" (Traduction : Tu dois
faire quelque chose d’énorme Théo, et peu importe l'ampleur du défi, va
jusqu'au bout, et je sais que tu peux le faire parce que nous l'a montré avec
tes nombreux sponsors et ta détermination à aller plus loin pendant
l'expédition. Pourquoi ne pas mener ta propre expédition pour un avenir plus
responsable ? Pense à quelque chose de grand !
L'aventure se termine avec un retour épique passé
dans une machine à laver tellement l’océan était agité ! La tête remplie
d'images, et de connaissances prêtes à être partagé, j’en ressors plus que
motivé à apporté « ma pierre a l'édifice d'un développement durable ».
Après tout ce que j’ai vu, entendu et appris, j’ai l’impression qu’avec la
situation actuelle d’un monde en danger, tout est possible pour inverser la
tendance et apporter un changement. Ce n’est qu’une question de volonté. Action !
Je remercie tous ceux qui m'ont aidé tout au
long de la collecte des fonds au point de vue morale, financier et médiatique.
Tout seul pout un tel projet, je n’aurais jamais réussi. Un grand merci !
Si vous êtes en train
de lire ce message et que vous voudriez aussi passer à l’acte, n’hésitez pas à
m’envoyer un message sur la page Contact, je pourrais vous donner des conseils lié
à cette expérience pour démarrer votre projet !
Ciao.
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A 6h30, une voix forte retentissait dans ma chambre :
« Wakey Wakey !!! », on nous demanda de se presser pour monter
tout en haut du bateau car un spectacle nous attendait.
Un énorme Iceberg nous faisait face. Robert Swan pris alors
la parole. Cette terre de glace s’est détaché du continent, d’un glacier sous
le nom de Larsen B, il y a quelques années et dérive maintenant loin des côtes.
Ce résultat est purement un effet du réchauffement climatique, il est
impossible de le nier, la preuve était devant nos yeux. Fallait il se laisser
abattre, moralement, par ce gros bloc de glace qui pourrait en entraîner
d’autre dans sa chute ? Demanda l’explorateur. Non, nous avons un aperçu
des terres antarctiques qui se dissous et il faut prendre cela comme
l’opportunité d’aller de l’avant, rebondir et rester positif dans l’avenir.
Ensuite, nous nous sommes retrouvés au milieu de bases
scientifiques chiliennes, argentines et russes !
Dans les hauteurs, la
fameuse E-BASE de Robert Swan était plantée devant nous. C’est la seule base au
monde qui marche à l’aide d’énergies renouvelables toute l’année. Plusieurs
panneaux solaires étaient fixés sur le toit et le côté de la base, accompagnés
de tuyaux thermiques pour chauffer l’eau et des turbines ou éoliens autour de
l’emplacement. Trois participants, employés de Npower ont installé des verres
insolents sur toutes les vitres de l’habitation pendant que deux autres
ingénieurs de Lloyd’s Register mettaient en place une autre turbine fabriquée
avec des matériaux recyclés.
Cette base est un symbole pour l’avenir de notre société
en quête d’énergie : “If this can be done in Antarctica, it can be done
anywhere in the world” / « Si cela peut être fait en Antarctique, cela peut
être fait n’importe où dans le monde entier ».
La journée s’est finit par un trek dans les alentours avec
un décor vraiment différent de ce l’on a vu jusqu’à présent. Un paysage lunaire
et humide à la fois. Nous avions fait de belles rencontres avec des énormes
éléphants de mer ! De grosses bêtes qui aiment la sieste.
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Depuis notre excursion dans la péninsule, les nuages étaient
omniprésents et les éclaircies assez rares. Un temps de neige. Cependant, ce
jour ci était différent. Des trouées de lumières nous accueillaient sur notre
nouvelle position : une île couverte de pingouins entourée d’une chaîne de
montagne à couper le souffle (comme d’habitude).
J’ai eu la surprise qu’il n’y avait pas que des individus
sur 2 pattes mais aussi un phoque en solitaire. Je mets l’accent sur ce
mammifère parce qu’il a failli me manger un bout de mon mollet !
Heureusement, que je ne m’étais retourné à temps pour prendre mes jambes à mon
coup ! Sur la photo ci-dessous (effet trompeur car j’étais au moins à 5
mètres de distance), l’animal s’est mis à courir vers moi après avoir pris la
photo. Ouf…
Rentré à la maison flottante, je ne pensais qu’à une seule
chose. La décision la plus folle de ma courte vie de 20 années, celle de
plonger dans une eau glacé à 0 degrés parmi les icebergs en maillot de
bain ! L’apparition d’un léopard des mers ou d’un orque sous nos pieds
n’étaient pas impossible… Mais l’idée était tellement fun et l’occasion de la
réaliser tellement rare, que je n’ai pas hésité à sauter !
Après avoir goûté à
ce « Polar Plundge », on se sent extrêmement bien, et on avait même
envie de recommencer ! Le risque d’hypothermie n’était pas à mettre de
côté, c’est pourquoi nous étions tous encordé au cas où. Cette sécurité a bien servi
pour (nom), la seule personne de son pays à avoir ramener dans l’histoire les
couleurs de son pays en Antarctique. Elle n’avait jamais vu la neige
auparavant, et ne savait pas nager. Et pourtant, elle prit son courage
exemplaire à deux mains et plongea dans le bleu profond de l’océan. Cela a été
un choc pour tout le monde. Elle semblait si fragile à la première rencontre,
mais lorsqu’elle veut quelque chose elle nous dévoile une force de conviction
hors du commun. Bravo !
Plus tard dans la journée, les débats avaient repris de plus
belles sur les enjeux énergétiques des activités humaines dans les années à
venir. Je m’étais détaché de mon groupe pour discuter avec Stéphanie, la
directrice du Pôle International du Développement Durable de la compagnie
pétrolière Shell. J’étais curieux de connaître son point de vue plus personnel,
car elle avait déjà donné des conférences en début de séjour sur les possibles
solutions de la sortie de l’or noir. J’ai commençais à demander ce qu’elle pensait
de l’histoire de sa société sachant qu’elle travaillait pour l’une des entreprises
les plus polluantes au monde. Elle ne fut pas surprise de ma question critique
car heureusement elle en était tout à fait consciente.
D’après elle, Shell a
fait beaucoup d’erreur dans le passé et qu’il semble impossible de pardonner vu
les dégâts engendrés. Ceci est un fait, mais comme chaque business, il faut
choisir son activité et la leur est la matière première la plus demandé dans le
monde entier. L’excès n’est jamais bon signe, et si la demande en pétrole
n’avait pas été si exponentielle au cours des années, les catastrophes
écologiques auraient pu être évitées… Aujourd’hui ils ont des objectifs très
clairs sur le passage du pétrole polluant au pétrole plus responsable avec des
installations d’extraction de la matière qui sont mieux élaboré envers le
respect de l’environnement, puis le développement crucial des énergies
alternatives. Moi, étant plutôt du côté des activistes de Greenpeace, je lui demandai
s’il y avait vraiment des stratégies et actions concrètes menées sur le terrain
vers un développement durable. Shell ne serait pas plutôt en train de faire du
greenwashing ? (campagne mensongère basée sur des paroles en l’air envers
le respect de l’environnement mais aucune action n’est faite sur le terrain).
Apparemment,
Shell investit dans ce nouveau développement si important dans le domaine des
énergies et que cette compagnie est susceptible d’avoir un impact bien plus
important qu’aucune autre vu les moyens financiers de celle-ci. Cependant, il
faut se rendre à l’évidence, et Greenpeace continue à mettre le coup de
projecteur dessus, l’intention de cette entreprise est d’aller toujours plus
loin afin de découvrir des endroits beaucoup plus extrêmes tels que l’Arctique
et en exploité ses ressources naturelles dégradant de manière irrévocable les seules
terres restantes de l’ours polaire. Elle ne nie pas cette course à l’or noir,
mais elle insista qu’avant d’être haut placé dans l’entreprise, elle n’a pas
suivi un (soi-disant) lavage de cerveau de l’entreprise pour qu’elle travaille
sans se poser des questions aussi importantes que celles de l’écologie et
l’impact de ses heures passées au bureau. Elle a été recrutée dans la filière
développement durable car elle a cette détermination à vouloir améliorer
l’activité du pétrole liée aux problèmes environnementaux.
Enfin, elle finit
sur un point que j’ai plus ou moins approuvé lorsque j’ai discuté avec Jean
Louis Etienne au sommet de l’Innovation avant l’Expédition, dans notre monde
d’aujourd’hui ceux qui ont le pouvoir comme Shell peuvent écraser n’importe qui
(leur revenu équivaut au PIB de certains pays) sur leur passage, et s’il l’on
veut changer les choses on ne peut pas aller contre ces structures
surpuissantes. La solution serait plutôt de s’allier à eux et agir ensemble
dans l’intérêt de chacun et avoir un impact plus important sur les causes qui
nous touche tous, écologique, social et économique. C’est pourquoi, Stephanie
travaille pour eux afin de changer les choses de l’intérieur. J’espère que
cette expérience va renforcer sa détermination car elle serait une personne clé
d’une meilleure gestion du pétrole dans les années à venir. Elle ne cacha pas
qu’il y avait beaucoup de « pain sur la planche » !
Ce soir, 8 Mars, jour international de la femme, et surtout
le jour de mes 21 ans !!! Je m’en rapellerai toute la vie de cet
anniversaire en Antarctique. Quelle chance… Vijay, l’ingénieur agronome indien
était également né le même jour. Nous avions pris le soin de faire chacun un discours après le diner et
les cadeaux et petits mots gentiment offerts, devant toute l’équipe :
« Thank you everyone for your great wishes, thank you all the team of 2041
and mostly Robert Swan who has helped by having supported me in my Project. I
have to admit that I have never expected such an inspiring experience in the middle
of nowhere with so amazing people. I’m sure, I’m the one who has the least
personal knowledge among you, but it has let me to listen much more. And,
regarding what you’ve done in your life, you gave me each of you a slap onto my
face giving me the strength to move forwards and make a difference for a
sustainable future. I will never forget it. Thank you!”. Et que la fête
commence !!!
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J+12 : Incroyable
Evènement TEDx
La journée commenca pour une exploration terrestre et la
découverte d’un point de vue du haut d’un glacier à couper le souffle. Puis
nous prîmes les zodiacs pour s’aventurer dans les alentours. Le soleil était au
rendez vous, l’air pur de l’Antarctique affolait nos sens et le reflet du
paysage blanc dans l’eau était un véritable spectacle.
Cet après midi, un évènement
hors du commun allait se produire. Nous avions la grande chance d’être
les auteurs et participants de la toute première conférence TEDx Event en
Antarctique !
Qu’est ce TED ? La conférence TED (technology, entertainment and design) est une importante
rencontre annuelle qui se tient à Monterey en Californie depuis 1984, et plus récemment deux fois par an dans d'autres villes du
monde, sous l'appellation TED Global.
L’objectif : La conférence TED définit sa mission comme « propagateur
d'idées », et met gratuitement à la disposition du public les meilleures
conférences sur son site Web. Les exposés couvrent un large éventail de sujets,
tel que la science, les arts, la politique, les questions mondiales,
l'architecture, la musique et plusieurs autres sphères de compétences. Les
contributions de centaines d'orateurs sont disponibles en ligne sur le site
officiel qui a reçu plus de 30 millions de visiteurs depuis son ouverture.
Et TEDx Event ? C’est un programme qui
permet aux écoles, aux entreprises, aux bibliothèques ou aux groupes d'amis de
profiter d'une expérience similaire à celle de TED par le biais d'événements
qu'ils organisent eux-mêmes. Les licences du programme TEDx sont attribuées par
les équipes de TED afin de créer un écosystème viable autour du globe.
L’équipe et l’ingénieur spécialiste des énergies
renouvelables, Paras Loomba, mis en place un matériel à la pointe de la
technologie. Etant donné qu’il n’y avait pas de prises électriques, les
systèmes sonores et micros marchaient à l’aide de panneaux solaires !
D’après Darren, organisateur du TEDx, en plus de l’endroit unique de
l’évènement, c’est le tout premier TEDx en extérieur fonctionnant à l’énergie
verte.
Ceci était le premier message de Robert Swan : “If this can be done
in Antarctica, it can be done anywhere in the world” / « Si cela peut être
fait en Antarctique, cela peut être fait n’importe où dans le monde
entier ».
Voici les meilleurs présentations de
l’Expédition :
Robert Swan OBE : Il décrivait comment
l’histoire de Robert Falcon Scott and sa course au Pôle géographique du Sud a
nourri son imagination d’enfance, le projetant dans sa plus grande aventure
personnel mais aussi l’une des plus extrêmes explorations polaires de
l’histoire. 100 cent en arrière, presque jour pour jour, Scott and son équipe
entrait dans leur marche final de l’éprouvante expédition. Bien qu’ils ont finit
mort de froid et de faim avant de pouvoir rejoindre un endroit plus sûr à
seulement 8km, leur objectif d’atteindre le Pôle Sud a été atteint. Swan
insiste et partage la raison de cette prouesse, avec nous participants et les
téléspectateurs du monde entier, qui a lui-même témoigné est dû à la volonté
d’être positif quelque soit la situation pour toujours rebondir, aller de
l’avant, et passer des mots à l’action !
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Robert Swan, merci
de clicker sur l’onglet Photo/Vidéo (Après le click, les vidéos sont en bas de la page)
Paras Loomba : ingénieur dans les énergies propres
du National Intruments India a fournit l’équipement nécessaire pour produire
l’électricité de l’installation de la conférence via des panneaux solaires. De
plus, il expliqua qu’il avait mis au point un projet dans des petits villages à
200km de Delhi en remplaçant les matières très couteuses, le kérosène, charbon
et bois, au niveau économique comme écologique, par le système LED alimenté par
l’énergie solaire. Ainsi, il a réussi à fournir pour la population locale la
possibilité d’éclairer leur logement.
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Paras
Loomba , merci de clicker sur l’onglet Photo/Vidéo (Après le
click, les vidéos sont en bas de la page)
Cameron Kerr : un des plus jeunes lieutenants (24
ans) de la 101ème division Airborne de l’armée américaine perdu sa
jambe lors d’une patrouille en Afghanistan en 2011 après avoir déclenché une
mine sous terre. A la maison Blanche, il a été récompensé par son acte de
courage via la médaille Purple Heart car ses blessures subies ont été le
résultat d’un sauvetage (décidé par lui-même) d’un de ses camarades soldats
coincé dans une embuscade. Il partagea le commencement de sa nouvelle vie, avec
une jambe amputée, et une pensée pour un futur toujours meilleur. Son message
est de jamais perdre espoir parce qu’on a qu’une seule vie et cette expérience
en Antarctique est un nouveau départ (pour lui et nous tous participants) comme
pour la perte de sa jambe au combat. C’est laisser se porter par une expérience
pour aller de l’avant comme celle-ci et se dire que si on veut on peut y
arriver !
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Cameron
Kerr, merci de clicker sur l’onglet Photo/Vidéo (Après le click, les vidéos sont en bas de la page)
Anna Poole : Officier de l’armée américaine et ex-sportive
de haut niveau représentante de son pays, l’Angleterre, à l’échelle
internationale. Elle eut un terrible accident lors d’un entraînement à la veille
d’une compétition de ski de descente, en 2005. A la vitesse de 115km/h, elle a
dévié de la piste, perdant le contrôle et son poids s’est écrasé sur un de ses
genoux. Son genou n’a plus jamais fonctionné, il faisait toujours parti de son
corps mais représentait une charge de douleurs qui lui a poussé de prendre la
décision d’amputer sa jambe, il y a 9 mois. D’après elle, c’était la décision
la plus simple qu’elle n’ait jamais prise car c’était la bonne. Depuis, avec une
prothèse, elle s’est accroché à la vie pour redevenir cette personne qu’elle
était : active, ambitieuse, persévérante, sociable et aller se promener
dehors en toute liberté ! « C’est s’adapter à une nouvelle situation
et agir de manière très différente que nous pouvons rebondir dans telles
circonstances ».
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Cameron
Kerr, merci de clicker sur l’onglet Photo/Vidéo (Après le click, les vidéos sont en bas de la page)
Mohamed Shinaz Seed : habitant des îles Maldives
insista sur le fait que 70% de l’eau douce de la planète est contenu dans les
icebergs de l’Antarctique. Or, si cette masse de glace continue à fondre,
l’élévation du niveau de la mer augmentera de 60 à 70 mètres, alors qu’il
suffit seulement d’1 mètre pour que les Maldives soient complètement rayées de
la carte et noyées sous les vagues. Il s’adresse à l’audience en affirmant que
son pays veut montrer l’exemple par l’engagement national de devenir neutre en
termes d’émissions de CO2 d’ici 2020. Si nous pouvons le faire dans notre pays,
n’importe quel pays peut le faire !
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Mohamed Shinaz
Seed , merci de clicker sur l’onglet Photo/Vidéo (Après le
click, les vidéos sont en bas de la
page)
Joost Notenboom & Michiel Roodenburg : 2
Hollandais et anciens étudiants en école de commerce, ont roulé près de 30 000km sur des vélos
de bamboos traversant tout le continent américain. Ils sont parti du nord de
l’Alaska jusqu’à Ushuaia, la ville la plus australe de la planète pour afin
nous rejoindre en Antarctique. Ils ont effectué cette folie pour une cause
qui nous concerne tous, l’accès à l’eau potable. Leur but était de sensibiliser
le monde entier sur les 1 milliards de personne qui n’ont pas la chance de pouvoir
boire de l’eau propre, la source première de vie sur Terre. Qui peut vivre sans
eau ? Personne. Pour résoudre ces problèmes, la solution est d’aller voir
les communautés locales et agir en amont. Il est dur de changer le monde, mais
il y a des étapes fondamentales à suivre pour espérer avoir un impact
positive : pour apporter un changement, il faut des actions, pour
commercer à agir il faut sensibiliser. Savez vous qu’une tasse de café produit
utilise 250 litres d’eau ? Avant de partir sur leurs vélos, leur plus long
voyage était de 10min en vélo pour aller à l’université. Donc il n’y a pas
besoin d’avoir des supers pouvoirs, tout le monde peut apporter sa pierre à
l’édifice, c’est qu’une question de volonté.
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Joost
Notenboom & Michiel Roodenburg, merci de clicker sur l’onglet
Photo/Vidéo (Après le click, les vidéos
sont en bas de la page)
Christian van Maaren : jeune employé dans la filière
développement durable de Shell, impressionné par toutes ces histoires, dit
qu’en tant que « personne normal », ou tout simplement ayant une
ambition moins développer, apporter un changement se comparant à ces personnes
n’est pas évident. Mais chacun à un rôle
sur cette planète et tout le monde peut faire quelque chose car l’accumulation
de petites choses pour l’amélioration de
notre vie en générale apporte au final un énorme changement ! Regarder les
dépenses d’énergies inutiles au bureau, ou chez soit, tout le monde peut le
faire. Ensemble nous pouvons vraiment changer le monde et protéger, voir
reproduire un milieu, avant que nous frôlions la surface de la terre, aussi pur
que l’Antarctique.
Pour voir la vidéo prise en Antarctique de Christian van
Maaren , merci de clicker sur l’onglet Photo/Vidéo (Après le
click, les vidéos sont en bas de la
page)
J+11 : Un Paradis devant mes Yeux
Ce matin, mon colocataire chinois entra à 6h du matin dans
la chambre trempé de la tête aux pieds tremblant de tous ces membres. La nuit
dernière, la moitié des participants avait passé la nuit sur la calotte
glaciaire de l’Antarctique. Je ne pouvais pas me retenir de rire en voyant mon
pauvre collègue tel un chien battu et mouillé. Mon tour serait ce soir et
j’avais hâte de vivre ca.
Mais pas de précipitations, une journée magique nous
attendait, nous allions découvrir un des sites les plus exceptionnels de
l’Antarctique et du monde entier… « Paradise Bay », ou la Baie du
Paradis !
C’était sûrement un moment que je n’oublierai jamais. Nous
avions vu et surtout ressenti ce que la nature avait de plus beau à partager.
Toujours sur les zodiacs, nous faisions des rencontres
complètement dingues !!!
Des phoques, léopards de mer, comoran à tête bleu, pingouins
gentoos, albatros, et surtout des énormes baleines à bosses… Le rêve.
Les chocs visuels mis à part, il y avait quelque chose qu’il
était impossible de voir et d’entendre ailleurs. Les glaciers nous faisaient
face se reflétant dans un miroir liquide d’une pureté incroyable, qui
s’imposait dans un silence absolue. Tous mes sens s’étaient éveillés pour
écouter ce que la Nature voulait nous transmettre. Un moment magique.
De retour dans le bateau, les scientifiques ont voulu
partagé leur vérité sur les conditions
catastrophiques du campement de la nuit dernière que mon ami chinois a fait l’expérience.
Pleuvoir sur le continent Antarctique n’a rien de commun, c’est un phénomène
très rare qui semblerait se répéter dangereusement d’après eux. La cause est l’augmentation
des températures d’années en années provoquant des pluies glaciales dans les
terres qui devraient normalement être sous forme de neige ! La preuve
qu’un réchauffement climatique a des effets bien réels sur l’environnement.
Cela pourrait modifier le paysage de ces immenses montagnes de neige et
détruire de manière irrévocable l’écosystème et les équilibres naturelles de
cette terre vierge.
A 18h30, il était temps d’embarquer pour notre campement sur
la glace ! Un des guides nous briefait sur les règles strictes à respecter
durant notre nuit comme la non-pollution du territoire, et autres. Quand je vis
l’équipement du camp et en tant que trekkeur amateur, je me posais alors une
question assez banale : « Ou sont les tentes ? ». Pas
besoin, vu que l’occasion était exceptionnelle, une nuit à la belle étoile dans
le froid était le scénario idéal pour en profiter au maximum. Pour nous
protéger du froid, nous avions un tapis de sol isolant, un sac de couchage
imperméable et un second sac de couchage pour retenir la chaleur humaine.
Formé
en équipe, nous devions aménager notre emplacement en moins de 20 minutes dans
le but de nous mettre dans la peau de vrais explorateurs en cas de blizzard où
nous devrions trouver un moyen de s’abriter le plus rapidement possible.
L’organisation devait être au rendez vous. Notre travail d’équipe à payer car
chacun avait un rôle définis et l’exécuter avec la bonne humeur. La stratégie
de l’emplacement était de trouver un endroit face au vent, puis construire un
mur de neige et de glace à l’aide de pelle pour se protéger du vent. Pas très
étonnant, les Chinois avaient construit un mur version muraille de chine qui
bâtait tout les records en termes de hauteurs. Des fous ces Chinois !
Par chance, les conditions étaient nettement meilleures que
la veille. J’ai bien dormis et je n’ai pas eu froid. Une belle nuit polaire.
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J+10 : Conférence en plein air & Trek
Etant donné que les conditions étaient meilleures que la
veille, la journée commença par une excursion sur la terre ferme.
A côté d’une colonie de pingouin, nous nous sommes rassemblé
en groupe pour former des cercles de discussion comme une séance de cours mais
à ciel ouvert. La question sur laquelle nous devions faire preuve de réflexion
était la première chose qui nous venait à l’esprit dans un environnement si
spécial. Avant d’y répondre, chacun d’entre nous s’est tu et ferma les yeux
pour ressentir ce qui nous entourait.
Le vent nous fouettait le visage, les
pingouins se disputaient leurs repas, les skuas passaient au dessus de nos
têtes, les vagues se brisaient sur les icebergs, et soudain, un bruit de
tonnerre se propagea tout autour de nous… Les glaciers se déplaçaient et se
rencontraient produisant un grondement
monumental. Comme si les entrailles de la Terre allaient s’ouvrir sous nos
pieds. WOW.
Pendant cette réunion en pleine air, des choses intéressantes
et bien pensées en sont ressorties.
Benjamin, un londonien entrepreneur
dans le développement durable, disait que nous sommes dans une période de notre
histoire extrêmement importante car l’urgence de changer nos habitudes envers l’utilisation
des ressources naturelles n’a jamais été aussi importante. Nous devons prendre
un tournent en peu de temps, pour éviter de foncer dans un mur pouvant causer
la disparition de nombreuses espèces dont la notre.
Christopher, jeune employé
de la compagnie Shell, pris le relais en déclarant que nous, humains sommes
apparus sur Terre il y a seulement quelque milliers d’années et pourtant nous
avons modifié énormément cet endroit qui
s’est construit durant des millions d’années. Or, notre évolution s’est
développée dans notre « unique » intérêt sans prendre en compte les
impacts de nos activités, mettant de côté ce lien si important que l’on ressent
en Antarctique et ailleurs entre l’homme et la nature. « People needs
nature, Nature don’t need people ». Mais si nous avons ce pouvoir de
changer les cours des choses aussi rapidement, il est donc possible de
retrouver cette alliance fondamentale.
Enfin, Sups, une professeure de lycée en
Inde, clôtura cette petite assemblée en insistant sur notre mode vie actuelle.
L’environnement et notre société ne vont pas de pair car nous demandons une
quantité de ressources naturelles beaucoup trop importante en vue de ce qu’il
est possible d’exploiter. Aujourd’hui, nous sommes 7 milliards sur Terre et la
nature ne suit plus cette roue infernale. Qu’en sera-t-il dans à peine 20 ans,
lorsque nous serons 10 milliards sur cette même planète ? La solution est
simple : réduire la consommation globale de chacun. Ce n’est pas un retour
en arrière dans la préhistoire, mais une évolution vers une basse consommation
et une remise en question sur nos réels besoins. Est-ce vital d’avoir une
cinquantaine de T-shirts quand on peut les laver toutes les semaines ?
Non, sachant qu’un seul T-shirt a besoin de 1514 litres d’eau (fait rapporté
par les 2 cyclistes Hollandais qui se battent pour sensibilisation de la
consommation de l’eau) pour être produit alors qu’1 milliards de personnes
n’ont pas accès à l’eau courante aujourd’hui… L’ignorance ne fait pas bien les
choses.
Ensuite, nous nous sommes préparé pour mettre en application
ce que nous avions appris pour commencer le programme « Leadership on the
Edge ». Le but était de mettre une équipe (8 personnes) et son leader en
conditions plus ou moins extrêmes suivant les niveaux de marche de chacun, et faire
en sorte que celle-ci atteigne le sommet d’un glacier.
Fire, le médecin de l'Expédition et son piolet |
Notre équipe sur-motivée n’a eu aucun mal à relever le
défi. Nous avions pu simuler les risques d’accidents lors de l’ascension pour
être sûr d’être à l’aise dans ce genre de situation, comme se jeter dans la
pente et se retourner brusquement dos à la descente en position : genoux
et coudes enfoncés dans la neige, et ventre plaqué sur la glace.
Après cette séance de trek, chaque groupe a échangé avec les
autres les méthodes de leadership qui ont marché, et les situations à gérer
lorsqu’un membre avait des difficultés ou manquait de motivation pour réussir
l’objectif… Tout le monde s’est mis d’accord sur l’importance de la
communication au sein du groupe. Le leader en question avait donc la
responsabilité de mener à bien son équipe tout en utilisant son savoir faire
pour communiquer efficacement « sa vision » qui était celle
d’atteindre le sommet.
Sur notre retour en zodiacs, une surprise nous attendait… Un
phoque léopard dévorait un pingouin juste devant nos yeux !
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J+9 : Tempête… Et Action !
Toujours dans la péninsule de l’Antarctique, nous avions
changé de coin. Nous quittâmes Petermann Island pour Cuverville. Il n’y a pas
d’illusions à se faire bien que le mot ville est présent, aucune trace d’être humain
n’était sur place.
Bizarrement, pour la première fois après avoir jeté l’encre,
lors de mon ptit déj’, je sentais le bateau tanguer un peu, et tourner sur
lui-même. Tout d’un coup, on apercevait des vagues éclaboussant la surface des
hublots de la salle à manger. A notre connaissance, ces hublots étaient
positionnés à environ 6 mètre de haut par rapport au niveau de l’eau. Tout le
monde compris que les éléments extérieurs se manifestaient violemment.
Après le pancake baigné de miel et le chocolat chaud (miam),
nos prédictions étaient malheureusement confirmées par Robert Swann et le
capitaine. Le vent était très fort rendant impossible les escales terrestres.
Effectivement, il était très impressionnant de voir ces
vagues déchaînées et emportées par des rafales à vous glacer les os. Les
températures étaient descendus jusqu’à -15 degrés, mais la température
ressentie était sûrement plus basse. Il faut avouer que dans ces conditions,
l’homme se sent complètement impuissant car la seule solution était la patience.
Des présentations étaient comme d’habitude prévues, dont une,
portait sur les conditions climatiques de cette journée. Le message était
clair : face à une telle force, le vent pourrait nous bloquer durant tout
le séjour sans pouvoir sortir du bateau. Nous étions entièrement dépendants de
l’environnement et de son humeur. Il y a ici quelque chose à retenir. Peu
apporte l’ambition humaine, son cerveau et sa technologie, le rapport de force
entre la nature et l’homme est gigantesque. La nature est surpuissante.
Cela
vaut pour ces circonstances au milieu de la péninsule de l’Antarctique comme
pour notre société et ses frontières envers l’environnement. Nous, humains,
nous ne sommes pas des demi-dieux mais des animaux. Nos besoins sont identiques
à toutes autres espèces vivantes sur Terre : Boire, manger, bouger, et dormir.
« Nous ne descendons pas du singe, nous sommes des singes » de Frans de Waal. Nous ne savons pas tout de notre terre, nous
ne maîtrisons pas la nature, et sans pouvoir manger et boire, nous sommes tous morts.
Certes, nous avons le droit d’évoluer et d’utiliser ce qui nous entoure pour
notre bien-être quotidien, mais garder des
limites permettant de maintenir les équilibres naturels pour la survie de tous est
fondamentale.
Dans le cas contraire, il est inutile de décrire les conséquences
catastrophiques liées par exemple à l’accélération du changement climatique qui
en découlent, car, si aujourd’hui certains ne sont pas au courant des enjeux
planétaires, nous ne vivons pas sur la même Planète ! L’information est à
porté de main avec internet et autres moyens de communication. Maintenant, il
suffit de s’en servir pour passer à l’Action !
Sans attendre, des leaders d’équipes se sont porté
volontaire pour créer un network suivant le thème qu’ils avaient désiré de
développer pendant le reste du séjour. L’un entre eux a tout simplement proposé
de réduire la consommation d’énergie de notre expédition. Comment ? Il
suffit de voir les choses simplement :
- Chaque membre apporte sa gourde pour les repas au lieu de gâcher l’eau laissée dans le verre après avoir quitté la table, car d’après à une petite investigation, 70% de l‘équipage ne finissait pas son verre.
- Utilisé et gardé la serviette de table pour la journée au lieu d’en utiliser une à chaque repas.
- Choisir le menu que l’on préfère pour le repas suivant pour que le chef cuistot ait une idée du plat qu’il faut préparer ou pas au lieu de cuisiner des choses qui ne seraient pas consommées et donc gâchées par la suite.
- Prendre soin de ranger sa serviette de bain sur le porte serviette pour éviter que les équipes de ménage ne la lave tous les jours ce qui est complètement inutile du point de vue hygiénique.
Les résultats surprenant de ces petits gestes seront
communiqués le dernier jour de l’Expédition (patience).
Après avoir débattu lors de petits séminaires, mon estomac
criait « gouter », puis l’équipe annonça que pour les plus motivés
d’entre nous, une excursion en zodiacs était possible vu les conditions moins
dangereuses observées en début de journée. Cette fois ci, il ne fallait pas
plaisanter avec les couches et polaires avant d’embarquer. Les sous gants et
sous chaussettes en soie étaient obligatoires.
.
Sur le chemin, on a rencontré des groupes de phoques en train de se prélasser sur des icebergs. Ils ont une tête très sympathique et peu craintifs. Ils ne sont pas très agiles sur terre mais très gracieux dans l’eau. De belles bêtes.
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J+8 : Un pied dans le Zodiac, un pied sur la Glace
Se lever le matin avec une vue imprenable à travers le
hublot sur le bleu profond de l’océan, des gigantesques morceaux de glaces
sortant de l’eau, et une lumière exceptionnelle se réfléchissant sur la glace… C’est
quelque chose. Un paradis blanc !
A tout moment nous étions
sur le qui-vive sur le moindre signe d’animaux et en particulier les grandes
baleines à bosses, et les surprises étaient souvent au rendez vous ! Ce
foisonnement de vie autour de nous, nous rappelait le privilège d’être devant
cette nature tellement parfaite et pouvoir respirer un air tellement pur.
C’était une véritable sensation de paix car les équilibres naturelles étaient
conservés et le résultat était plus qu’impressionnant.
Le capitaine nous avait conduit dans une
arène de montagnes, un endroit fantastique : Lemaire Channel.
C’était la toute première fois que nous étions si prés de
ces immenses sommets. Les températures se maintenaient autour de -10 degrés.
Des rafales de vent balayaient les pics enneigeaient. S’imaginer gravir un de
ces sommets était sûrement très dangereux à entreprendre.
Mais ca donnait vraiment envie
d’aller en haut !
Puis on embarquait dans les zodiacs. Action !
Le zodiac nous amenait entre les icebergs pour les observer
de plus près. Des fissures dans ces énormes bloques se distinguaient par des
lignes d’un bleu émeraude. Puis, suivant les couleurs et la profondeur des
failles, il était possible de connaître approximativement l’âge de l’iceberg.
C’était amusant de zig zaguer entre des cônes flottants avec des formes très
différentes et surprenantes.
Je discutais souvent avec 2 guides de l’expédition, des
amoureux de la nature, John et Kasha, qui avaient tout mon respect car ils
étaient skieurs de freeride, escaladeurs et trekkers professionnels reconnus
internationalement ! Tout les deux sont sponsorisés par North Face depuis
8 ans et parcourent le monde entier et entreprennent des projets complètement
fous. Exemple, John a fait le Mont Everest il y a quelques années pour le
tournage d’un film sur l’alpinisme en très haute altitude... Comme ils
m’expliquaient, les personnes dans ce milieu sont très peu nombreux, donc tout
le monde se connait et se réunit une fois par an rassemblant les plus grands
des sports extrêmes (cette année, c’est rendez vous à Mexico pour discuter des projets
à venir). Donc vu les circonstances, ca nous arrivait de regarder un icerberg
et le comparer à un mur d’escalade pour savoir s’il était possible d’arriver en
haut !
Arriva enfin le moment tant attendu. Mon pied toucha la
terre ferme. Je marchais sur l’Antarctique !!! Nous étions sur le
Petermann Island. Le driveur canadien de notre zodiac laissa échappé en plaisantant :
« Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité » :).
A peine sorti du zodiac que je comprenais où j’étais.
C’était l’empire des pingouins gentoos ! Des petits individus courts sur
pattes nous entouraient de partout. Nous devions respecter des règles très strictes
pour observer cette nature sans influencer ce fragile endroit. L’une d’elle était
de rester à plus de 5 mètres de distance des animaux. Mais lorsque vous aviez
des milliers de pingouins autour de vous, c’était vraiment une épreuve! Il y avait aussi quelques phoques ! Si
l’on voit des couleurs orange un peu partout sur l’île, cela signifiait que les
excréments de crevettes digérées par ces petites créatures en étaient recouverte.
Miam.
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“Team Inspire! Team
Inspire! Team Inspire! Waiki waiki!” Nous
avions le droit à cette petite fanfare matinale dans le micro pour nous
réveiller et se préparer à vivre
l’expérience !
L’équipe de l’Expédition
nous invita dès la première heure à participer aux conférences quotidiennes.
Le capitaine et chef du
navire déclara que nous serions plus prêt de notre destination que prévu sans
pouvoir confirmer l’heure d’arrivée. Un frémissement collectif se fit ressentir
dans la salle comme une première vague glaciale de l’Antarctique.
Un aventurier et
randonneur Australien aux multiples expériences extrêmes, Nic prit la parole avec
Robert Swann sur l’importance de savoir qu’un siècle en arrière, presque jour
pour jour, les premiers explorateurs de l’histoire (Amundsen et Scott) ont
découvert le 7ème continent.
Roald Amundsen |
Robert Falcon Scott |
Ces personnes sont un exemple pour nous
tous car pouvoir mener une équipe dans des conditions extrêmes, vers un
objectif quasi insurmontable, et le risque de ne pas revenir vivant, est une
prouesse morale et technique exceptionnelle. Et, cette prouesse est en fait
l’objectif de notre société d’aujourd’hui à la mener vers un avenir plus sûr.
Certes l’objectif semble inatteignable, les obstacles colossaux, et le terrible scénario de l’Ile de Pâques
pourrait se renouveler … Mais l’espoir est toujours présent et d’après Robert
Swann, les solutions se trouvent dans ces esprits d’explorateurs basées sur une
vision claire de notre objectif, se
diriger vers un leadership fort et
surtout « positif », et utiliser les meilleurs innovations et technologies possibles pour sortir de
l’impasse et aller de l’avant.
Ensuite, nous sommes passés sur les grands problèmes environnementaux de
notre temps, et Darren, responsable du programme « Sustainability »
(développement durable), nous posa la question suivante : quelle est
l’enjeu majeur écologique le plus important aujourd’hui ? » Tout le
monde se dispersa en groupe de 8 personnes et échangea sur le sujet. Après
réflexion, un membre de chaque groupe résuma à haute voix le choix collectif.
La plus part des membres répondirent le problème de l’eau. Sans cet élément, nous mourrons. Il n’y a aucun doute sur cet
enjeu illustré par 2 Hollandais qui nous ont rejoint après avoir traversé le
continent américain, du Pôle Nord au Pôle Sud, sur des vélos de bambous pour sensibiliser
le monde entier sur les 1 milliards de personnes qui n’ont pas accès à l’eau
potable. La solution ? Réduire notre consommation globale dans
l’industrie, alimentation, jardinage et autres… Puis, une amie indienne, Sups,
se leva déterminée à mettre les choses au clair en mettant l’accent sur le fait
que chaque régions du monde a ses propres problèmes, et qu’il n’est possible
d’imposer des réglementations globales pour un enjeu qui n’en est pas forcément
un pour d’autres. D’où les actions au niveau local sont essentielles au bon
fonctionnement de projets pour l’enjeu en question.
Le capitaine du bateau
clôtura cette séance de « brainstorming » en annonçant que les
premiers icebergs ne tarderaient pas à se montrer ! En une minute, chrono
en main, l'équipe se renda sur le devant du navire avec leurs jumelles au cou.
Ce moment était MAGIQUE. L’atmosphère
était très étrange car l’horizon était bouché par un brouillard épais, et nous ne
voyons rien au delà de 100 mètres. Comme si nous étions en train de passer une
frontière invisible qui nous menait à l’entré d’un monde parallèle. L’inconnu
se trouvait de l’autre côté… Je me croyais dans un roman de Jule Vernes !
Plus nous avancions, plus les températures descendaient en flèche. Les premières plaques de glace flottantes sur l’eau se transformaient progressivement en énormes icebergs. Nous vîmes un petit groupe de phoques nageaient au côté du bateau. Puis tout d’un coup, une voix cria : « Terre en vue ! ». Des imposantes montagnes de glace se dévoilaient sous mes yeux. Mon cœur bâtait la chamade. Nous étions arrivés en Antarctique !
Plus nous avancions, plus les températures descendaient en flèche. Les premières plaques de glace flottantes sur l’eau se transformaient progressivement en énormes icebergs. Nous vîmes un petit groupe de phoques nageaient au côté du bateau. Puis tout d’un coup, une voix cria : « Terre en vue ! ». Des imposantes montagnes de glace se dévoilaient sous mes yeux. Mon cœur bâtait la chamade. Nous étions arrivés en Antarctique !
Par chance, nous avions
rejoint notre destination plus tôt que prévu. Donc, nous sommes aller découvrir
les alentours à bord des zodiacs (12 personnes max sur l’embarcation) avant que
la nuit ne tombe.
Pendant notre excursion,
un vent violent s’était installé. Il fallait bien s’accroché, si non il était
facile de passait par-dessus bord.
Jack, un jeune canadien employé du Quark
Expedition et chauffeur du zodiac accéléra d’un seul coup en pointant du
doight : « Baleines ! ». Un gigantesque monstre sorti de
l’eau avec une puissance inouïe : « WOOOOOOOOAAAAOOUUUUU ! That’s
huuuuuuge man ! ». C’était un ballet de baleines à bosses qui se présentait à nous. Une course poursuite
commença. Le cœur serré, la bouche grande ouverte ébahie et souillée par le sel
de mer, l’émotion était à son comble. L’Aventure ! (Pas d'image car mes films volés avec mon sac à dos n'ont pas été récupérés)
Cependant, nous étions restés
à distance par respect des animaux, puis
les baleines disparurent rapidement. Grandiose.
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J+6 :
Au Milieu de Nulle Part
Malgré les conseils de Robert Swan sur le mal de mer, « il
suffit de se dire qu'on ne sera pas malade et que tout y ira bien », le
premier matin fut mouvementé. J'étais assez chanceux car après avoir rendu mes
tripes je me sentais très bien jusqu'à la fin du voyage, alors que d'autres
passaient leur temps dans les W.C... La sensation que l'on ressent dans ce
genre de grand navire est d'être enfermée dans une cage flottante sur l'eau.
J'oubliai ce désagrément lorsqu'un double arc-en-ciel se montra à travers mon
hublot. Je ne savais pas qu'il était possible d'en voir deux au même moment.
Quelle chance !
Pour la première fois de ma vie, il était très
étrange de se retrouver sur une embarcation au milieu de nulle part, complètement
perdu sur un océan gigantesque et profond... Je regardais souvent cette masse
d'eau pour essayer d’apercevoir s'il y avait une ombre d'une baleine dans les
parages. Soudainement, l’ombre venait du ciel. Des énormes créatures d'une
envergure effrayante de 2m50 apparaissaient au dessus de nos têtes... Des
dinosaures volants ?! Non, les oiseaux les plus grands au monde. Des albatros !
Ces animaux peuvent voler pendant 2 années de suite sans toucher une seule fois
la terre ferme. Wow.
Dans le bateau, nous assistions à des
présentations sur l'environnement et la faune de l'Antarctique, données par les
scientifiques de l'expédition. C'est surprenant d'apprendre que ce désert de 5
millions de kilomètres carrés de glace est un paradis fertile pour une
diversité incroyable.
J'ai apprit que les deux espèces les plus
abondantes sur Terre sont les crevettes et les humains ! Seulement en
Antarctique, plus de 500 millions de tonnes de biomasse sont présentes, la
crevette est la source de vie de cette biodiversité. Les phoques, pingouins,
baleines, skuas, albatros, et être vivant en générale, sont entièrement dépendant
de ce petit animal. Ceci prouve que la fondation des espèces, et la formation
de vie sur terre est en grande partie apparue grâce à une meute énorme de
crevette !
Cependant, leur nombre décroît dangereusement
depuis des années à cause du réchauffement climatique des océans entraînant un
changement du pH de l’eau, et de la surpêche, provoquant ainsi la diminution
des espèces qui en ont besoin pour se nourrir. Quelques années en arrière, nous
pouvions estimer le nombre de baleine bleu à 300 000 individus. Aujourd'hui,
son estimation est entre 5000 et 12000. Ceci est un exemple, car les causes et
effets de la chaine alimentaire sur notre environnement sont interminables et
affectent l'homme d'une manière ou d'une autre.
Savoir qu'un tout petit mammifère peut remettre
en cause toute une biodiversité qui s'est développé sur des millions d'années,
est un message important à comprendre. Même la plus petite chose qui soit peut changer
le monde. La dernière phrase de l’océanographe, lors de sa conférence, fut : « Cela
vaut pour la déréglementation de la chaîne alimentaire, comme pour les efforts
dans la réduction de nos impacts quotidiens sur l’environnement ».
Ce soir là, nous savions tous que l'antarctique
sera enfin atteint. Je ne pouvais plus attendre !
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Le jour tant attendu était enfin arrivé, notre
brise glace nous attendait avec impatience. Un bateau imposant nous faisait
face, sorti tout droit des romans de Jules Vernes. Il était magnifique. De
plus, le nom gravé sur la coque donnait un côté mystérieux et authentique
retraçant ses nombreuses expéditions polaires... Nous embarquions sur le Sea
Spirit !
Tout le monde était excité à l'idée de partir
vers un monde isolé de toute présence humaine. Quel privilège.
Lorsque nous quittions le quai du petit port du
bout du monde, la magie du voyage s'installa. Je n'ai jamais connu cette
sensation de s'en aller vers un horizon sans limite, comme l'impression de se
diriger vers "nulle part". Nous longions le canal Beagle et ses
belles montagnes baignées par une lumière chaude à travers de beaux nuages. Je
ne pouvais m'empêcher de rire tellement l'émotion me pris de cours.
Extraordinaire.
A l'intérieur, c'était encore une fois,
magnifique. La plus belle découverte fut la chambre dans laquelle je
dormais. Sans aucun doute, le service était à la hauteur.
Dès notre embarquement, l'équipage, dont la
majorité venait des Philippines, s'empressa d'appliquer les règles
fondamentales de notre excursion à bord dont la procédure d'évacuation. Il y a
eu un petit moment d'appréhension en observant toute la mis en place des
mesures de sécurité. Je regardais mes collègues tous équipes des gilets de
sauvetage et leur dit en riant : "It's time to be part of Titanic 2".
Après cela, d'autres interventions sur les
normes de sécurité ont été entreprises, et le médecin tenait à nous rassurer
sur les conditions de notre périple. Tout d'abord, il insista que nous nous
apprêtions à traverser un des passages les plus mouvementés et dangereux au
monde concernant les voies maritimes d’aujourd’hui. Étant donné qu'aucune
frontière ne barre le chemin entre la pointe de l'Amérique du sud et
l'Antarctique, il y a tout de même la "taxe du Drake" à payer ! Et
cette taxe qui signifie les différents problèmes pouvant rendre la traversée
pénible, telle que le mal de mer, peurs psychologiques, et autre, représentaient
le prix à payer pour franchir les portes invisibles du dernier continent
inexploité par l'homme. Bref, qu'on soit malade ou pas, on n’avait pas le
choix.
Puis, le tour de Robert Swann était venu, afin
de nous mettre dans le bain tout en se dirigeant vers l'Antarctique,
l'explorateur nous raconta, avec une force de conviction impressionnante, sa
fameuse histoire des temps modernes :
A l’âge de 11 ans, il
fut inspiré par un reportage sur l’explorateur Scott et son périple à la
conquête du Pôle Sud. Il décida alors de vivre cette même aventure tout en
respectant les conditions extrêmes dans lesquels, Scott et son équipe, se
trouvaient à l’époque. Après avoir relevé plusieurs millions de dollars de
fonds (en 7 ans), en 1984, son bateau et son équipe étaient fin prêt. La reine
Elisabeth et toute la foule qui l’accompagnait assistèrent au départ de Robert
Swann. Un climat de fête et de joie s’emparèrent des hommes à bord, si bien
qu’ils ne remarquèrent pas un des remparts du port. Tout un coup, un bruit
assourdissant heurta de plein fouet le bateau, créant un énorme trou dans la
coque ! Un silence très gênant s’installa au sein de l’équipage et des supporters
aux alentours.
Le voyage s’arrêta déjà ? Non. Un mois après, Robert Swann
trouva les fonds nécessaires et répara les dégâts. Grâce à sa détermination, il
se dirigeait enfin vers son objectif, l’Antarctique.
Après avoir rejoint le
Pôle Sud à pied (le 11 Janvier 1986), sans aucun moyen de communication avec
l’extérieur, lui attribuant ainsi le record jamais réalisé dans l’histoire de
la plus longue excursion (1, 400 km en 70 jours) à pied sans assistance, Robert Swann et ses collègues reçurent alors
une autre mauvaise nouvelle. Leur navire ne pouvait pas rejoindre la côte à
cause d’une barrière de glace qui empêchait sa progression. Greenpeace proposa
alors son aide afin de résoudre la solution, mais la nature était plus forte
que n’importe quelle intervention humaine en cette période de l’année. En
conséquence, l’explorateur décida de rejoindre une base pour entrer en
communication avec un ami aviateur afin de prendre le risque de survoler
l’Antarctique et les ramener sain et sauf. Finalement, ils ont été sauvés.
En 1987, Robert Swann
dirigea l’expédition « Icewalk » au Pôle Nord rassemblant 22
explorateurs-scientifiques de 15 nations dans le but de produire des
documentaires pour l’éducation en général. Cette traversée sur le pont glacé
entre l’Alaska et la Sibérie, a failli couter la vie de l’aventurier anglais.
Ceci a été une révélation et une preuve inédite (à l’époque) que la fonte des
glaces s’est considérablement accélérée. Un membre, spécialiste de l’étude des
glaciers, craignait qu’ils restent piégés sur des icebergs instables,
s’éloignant dangereusement de leur chemin et donc de la seule issue pou sortir
de cette situation catastrophique ! La solution était de marcher deux fois plus
vite, et deux fois longtemps, si non, ils finiraient noyés. Une course contre
la montre que Robert Swan a réussi à défier, car il a mené son équipe jusqu’à
son objectif à temps.
Depuis ces terribles
excursions, il s’est servi de ces histoires et expériences vécues afin d’inspirer
le monde entier sur le besoin de protéger l’Antarctique. De plus, ses actions
sur le terrain permettent de concrétiser son message : En 1996, il mena
une opération de nettoyage en Antarctique débarrassant le continent de 1500
tonnes de déchets, puis créa l’association 2041 (une promesse que Jacques
Coustaud lui a transmis et que Robert Swann s’efforce de réaliser :
L’Antarctique doit rester la partie de la planète « vierge » pour
garder les équilibres environnementaux, et la mission « Voyage for Cleaner
Energies », à bord d’un bateau entièrement construit de bouteilles de
coca-cola recyclés, tout en parcourant le monde entier pour mobiliser la
nouvelle génération aux enjeux de demain, et j’en passe !
J’étais complètement
scotché sur mon siège, choqué par cette détermination et cette
« gnac » qui émanaient de cet individu, lui permettant de réaliser
ses rêves les plus fous et apport son énergie mobilisatrice pour un
développement durable. C’est à partir de ce moment que l’idée « si on
veut, on peut » pris toute sa forme. Tout est une question de volonté
après tout. Toujours sous le choc, je me permis d’aller lui adresser mon
opinion sur son discours, et lui dis : « Rob, if I can dare, you are
the most unlucky (à propos de ses mésaventures) and crazy person that I have
never ever met in my life, what an inspiring talk really ! », et il
me répondit : « Thank you Théo. I want you, guys, to
take this story to inspire people to move forwards, because we need it”. Impossible
de dire non. YES OF COURSE!
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J + 4 : Session Glacier !
Pour démarrer la session trekking, chaque équipe
avait une heure à respecter car un 4X4 remorque faisait la transition entre l’hôtel
et le départ de l'itinéraire. D'après le guide fou furieux de l'armée, Jumper, un
"BRONCO 5!" avait été mis en place, qui veut dire "soyez présent
5 minutes en avance à l'heure de pointe, si non vous le regretterez!".
C'est une sorte d'avertissement pour nous inciter à être dans les temps, car le
droit a l'erreur concernant l’organisation des équipes n'est pas tolérer dans
les régions extrêmes. Donc, il fallait être dehors équipé et prêt à partir, 5
minutes avant "7h50". Personnellement, j'ai toujours eu du mal avec
la ponctualité. Soit je ne prends pas la peine de me dépêcher, ou soit je suis
à l'heure mais quelque chose me retiens et le résultat reste le même, je
suis en retard.
Pour la première activité de groupe, faire une
bonne impression est toujours la bienvenue au sein d’une équipe, mais ce jour
là, je trouvais durant les dernières minutes restantes, à chaque fois, quelque
chose que j'avais oublié de prendre ! Arrivé devant le hall d'entré, essoufflé,
je ne vis personne de mon groupe... Jack, un guide Roux d'Amérique me pressa de
partir en courant pour essayer de rattraper la Jeep qui venait juste de partir
! Je l'ai effectivement aperçu, mais je ne suis pas un coureur de la Jamaïque...
L'idée de laisser mon groupe partir déçu par mon manque de ponctualité pour une
session de treks dont j'attendais avec impatience me frustra beaucoup. J'ai
donc commencé à courir avec l'espoir de rejoindre mon équipe 15 km plus loin.
Quand soudain, j’interpellai une des rares voitures dans les alentours, et avec
un peu de chance, j'ai pu faire du stop à Ushuaia ! Le type très sympa
s'apprêtait à faire l'ascension du glacier. Parfait. J'arrivai au point de
rendez vous, à peine en retard, et en stop. Mon équipe n'en revenait pas de me
voir sortir d'une voiture d'un local comme si de rien n'était. On a bien
rigolé.
Lors de l’ascension, je remarquai un paysage très atypique
de cette région de la Patagonie. Au pied de la montagne, la végétation était dense
et celle-ci s’arrêtait brutalement au premier contact du glacier.
Impressionnant.
Malgré nos
encouragements, un membre de l'équipe décida de rebrousser chemin. Elle me prêta
alors ces bâtons de randonnés pour adhérer sur une neige assez glissante…
Faisait-il trop chaud pour avoir une neige aussi instable ?
Robert Swann nous a
fait part de ses inquiétudes sur la réduction de la couche de glace de ce même
glacier car quelques années auparavant, il était beaucoup plus compliqué
d'atteindre son sommet. Le glacier avait reculé d’une dizaine de mètres, et les
neiges éternelles étaient de moins en moins stables. Cela était le premier
signe d'un réchauffement climatique.
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J+3 : Lancement du Programme !
Une journée chargée
pour nous préparer à notre descente glaciale.
En début de matinée, Robert swann pris la parole.
Tout le monde était cloué sur leur siège a l'écoute de ce personnage venu de
l'espace... Il avait un talent d’orateur assez rare pour faire passer ses
messages. Il nous expliqua comment aller se dérouler l'expédition tout en rappelant
l'objectif de notre venue. Nous apprîmes que notre première pré-ascension se
ferait le lendemain matin sur le glacier martial dans le but de tester notre
travail en équipe en conditions de treks, avant de poser le pied sur
l'Antarctique.
Il insista sur 2 choses
fondamentales qu'il était nécessaire de respecter tout au long de l'excursion.
La première était notre sécurité. Chacun d'entre nous avait décidé de se rendre
à l'endroit le plus hostile de la planète. Un ex général et ingénieur de
l'armée marine américaine, au côté de l'explorateur, faisait partie des guides
de l'expédition et nous illustrait très bien les risques qui pourraient mettre
un terme à cette expérience pour l’un d’ente nous. Un exemple, une chute de 30
secondes dans l’eau glaciale suffisait pour se noyer sous le choc hypothermique.
Or les soins proposés dans un coin aussi isolé ne permettent pas une opération
dans de situations graves. Donc prudence. La deuxième chose sur laquelle Robert
Swann pointait du doigt, était l'utilisation des portables et ordinateurs.
Certes, beaucoup de personnes a bord semble avoir beaucoup de responsabilités,
mais une expérience comme celle ci doit être vécu a fond afin d'écouter, de
participer, d'échanger, de ressentir et apprendre de cette aventure. « We
need you TO MAKE A CHANGE ». Il fallait absolument se concentrait sur
cette excursion pour comprendre le message et ainsi le diffuser a son tour.
La suite de la conférence était menée par Darren, responsable du département développement durable (DD) de KPMG et donc en charge du programme "sustainability" (DD) de l'expédition. Il nous présenta un briefing des éléments clés des interventions des spécialistes (scientifiques et participants) dans ce domaine, les objectifs attendus a la fin du programme, et surtout l'intervention de l'organisation internationale Ted pour la toute première fois dans la mise au place d'un évènement Tedx en Antarctique. Donc, nous sommes invités à y participer!
Pour en savoir plus : http://www.ted.com/, http://www.ted.com/tedx.
Dans l'après midi, nous nous sommes rassemblé par
groupe de 7 personnes comprenant un leader pour chaque équipe. Vijay, un
ingénieur agronome et chef d'entreprise indien ayant une expérience de la haute
montagne, était choisi pour mener notre troupe au sommet du glacier, demain
matin. Nous apprîmes à se sécuriser en terrain accidentés en s'équipant d'une
corde relié à chaque membre de l'équipe représentant notre ligne de vie ! Si
l'on tombe dans une profonde crevasse de glace, la corde nous retient dans
notre chute.
Étant donné que nous avions du temps après ce
briefing, moi et mon équipe décidions de marcher dans les montagnes ushuaiennes
avant d'attaquer le glacier !
J+2 : Une Atmosphère d'Aventure
Réveillé de bonne heure, moi,
la française et la « copine-kiwi » avions décidé de découvrir la
ville dans la matinée. Celle-ci était entourée par une chaîne de glaciers aux
sommets inquiétants, située en bordure de la baie "éponyme", a proximité
du canal Beagle qui se jette un peu plus loin dans les profondeurs de l'océan
Atlantique. Ces montagnes étaient d'un blanc presque transparent, on pouvait
observer leurs énormes corniches qui n'attendaient qu'à être gravit...
Splendide ! Je me trouvais dans la ville la plus australe au monde... Ushuaia
me voilà !
La première chose qui me surprit en contemplant
cet endroit (les montagnes mises à part), était les routes. Soit une entreprise
d'urbanisation de San Francisco a élu domicile ici, soit il devait avoir une
autre explication pour pouvoir rouler sur des "escaliers pour
voiture". C'est comme si vous aviez une colline à monter ou à descendre
toutes les 2 minutes. Etant donné qu’Ushuaia s'étendait sur le flanc d'une
montagne, cela expliquait pourquoi les routes étaient bizarrement faites. Il
était amusant de voir chaque conducteur prendre assez d'élan pour ne pas piler
au milieu de la côte.
Les champs Élysées de la petite ville de
56 000 habitants était une rue longeant le port, décorée d’une vingtaine
de magasins dédiés aux expéditions polaires, où de grandes marques américaines
se faisaient la guerre-guerre. S’écartant du chemin touristique, la ville se
distinguait par des maisons de bois et de briques aux couleurs vives telles que
bleue azur, rouge bordeaux et autres, avec des formes plus ou moins originales.
Très peu d’entre elles se ressemblaient.
Les Ushuaiens rencontrés étaient pour la plus
part petit de taille, trapu et d’une peau mate marquée par un climat
quasi-polaire. D’après ce que j’ai entendu, l’océan et les Expéditions en tout
genre constituaient une grande partie de la richesse de la ville. Il y a donc
un véritable esprit d’aventurier marin.
Nous vîmes le petit port et ses grands cargos
venus du monde entier, contenant des marchandises d’Hong Kong, Shanghai, Buenos
Aires, et autres. Comme quoi, même paumé où je suis, personne n’est épargné par
la mondialisation. Plus on avançait, plus on rencontrait des petites cabanes de
bois qui se chevauchaient les unes aux côtés des autres, proposant des
Expéditions plus ou moins douteuses sur les moyens d’envoyer leur clients en
région à risques… En tout cas, ce sentiment d’aventure était belle et bien
présent !
Après cette visite, nous rejoignions l’équipe de
notre Expédition dans les hauteurs, à l’hôtel «Del Glaciar».
La joie était à son comble, je rencontrai la
fameuse Heather qui m’avait accompagné et encouragé depuis le début de mon
Projet, puis je fis la connaissance des membres qui venaient, tout comme moi,
de très loin. Il y avait 22 nations représentées pour un seul groupe de 70
personnes. Il est compliqué de faire mieux en termes de chocs culturels !
J’étais tellement excité de rencontrer cette communauté, je ne retenais aucun nom. Même en temps
normal, je pense qu’il est compliqué de retenir la première fois un nom comme
celui-ci Mohamed Shinaz Saeed…
Le moment vint où je rencontrai un type gaillard,
une allure de bucheron, habillé en tenu d’été alors que je portais une polaire
et une veste en Gore-Tex… Cependant, il avait un bonnet avec un nombre
familier, 2041. Je faisais la connaissance en personne l’un des plus fous des
explorateurs des temps modernes : « Hello Robert Swann, I’m
Théo ! », il me répondit d’un air étonné « Hey buddy, very glad
to see you here after the long way you’ve worked for that. Have a rest, and get
ready, because the Expedition begins ! »
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J+1 : El Fin del Mundo
Le vol jusqu'à Buenos Aires dura 13 longues heures. J'ai regardé 4 films à la suite, ne pouvant finalement pas dormir... Mais j'avais la pêche !
Sorti de l'avion, je fus pris d'assaut par une chaleur étouffante. Quand l'hiver s'acharnait sur la France, l'été cuisait l'Argentine à plus de 35 degrés à l'ombre. Le monde à l'envers.
C'était bizarre de se trouver dans un endroit avec des températures estivales, alors que les blizzards de l'Antarctique m’attendaient.
Buenos Aires est une très jolie capitale. Une belle architecture, des immenses arbres d'un vert fluo de l'Amazonie, une ambiance de fête, et de jolies filles bronzées partout... A recommander :).
Au dernier vol, lors du Check-in, une mauvaise surprise m'attendait. J'ai cru devoir passer une nuit sur place. Le problème était le suivant : l'agence de voyages a fait l'erreur de prendre mes billets le même jour. Donc, l'hôtesse me dit gentiment que mon dernier vol de l'itinéraire partait hier... Tout en restant poli, je lui répondis de se bouger le... Les "hanches", pour résoudre la situation !
Même avec mon espagnol sous-développé, le message était manifestement bien passe. 10 minutes après, j’avais une place pour le prochain avion à destination de Ushuaia ! Ouf.
Direccion la Tierra del Fuego.
Posé tranquille sur mon siège, écoutant du Jack Johnson, de grands fleuves et des terres quasi désertiques défilaient devant mes yeux à travers le hublot. Surpris, j'essayais de savoir pourquoi l'eau avait une couleur argentée. Soit il faisait très froid, soit ce n'était que le reflet du soleil. Incertain, j'optais pour la première option. C'était le plus fun :).
J'aime bien les surprises, et je n'ai pas été déçu... J'appris un peu tard que dans cet endroit du pays, qu’un avion suffisait pour desservir les voyageurs dans les différents aéroports. Ici, l'avion servait de bus volant, et il y avait donc plusieurs stops avant d'arriver à sa destination finale. Je l'ai su un peu tard car j'étais déjà sorti de l'avion, au premier arrêt sans me douter que cela n'était pas Ushuaia. Belles montagnes, un paysage lunaire, un immense lac et quelques maisons... Je n’avais aucune idée à quoi ressemblait cette ville, à part qu’elle se situait juste au-dessus de l’Antarctique…
Heureusement, une hôtesse pris l'initiative de me récupérer dans le hall de l’aéroport, avant que je ne loupe (une occasion de plus) mon tout dernier vol.
Avant d'atterrir à "el Fin del Mundo", il n'y avait aucun doute, Ushuaia se dévoilait devant mes yeux. C'était presque magique. Nous effleurions des montagnes aux formes très abruptes et enneigées, donnant un relief très particulier que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Superbe.
A mon arrive, 2 membres de l'expédition, une Française (employée d’une entreprise d’énergie solaire) et une Néo-Zélandaise (étudiante) m'attendaient dans une auberge au centre-ville. Présentations faites, je m’écroulai dans mon lit… Au bout du monde.
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J-0 : Let's go !
Aussi surprenant qu'il soit, j'ai passé une nuit reposante et sans aucune pensée ou rêves du grand départ... Cela prouve encore une fois que je n'étais pas prêt mentalement à commencer l'Expédition.
Sur le trajet de l'aéroport, mon corps m'envoya des pulsions électriques, j'avais les abdos atrophiés. Cela ne s'arrangeait pas lorsque mon père me demanda : "Alors, on se sent comment avant d'aller voir les pingouins ?". A partir de ce moment-là, je me posa également la question ou est ce que j'allais encore me retrouver....
À 18h, je pris l'avion pour Paris. Le prochain était à 22h30 pour Buenos Aires ! C'était la première fois de ma vie que j’avais cette chance de me rendre sur le continent américain. Le seul hic de ce vol était la durée : 13h30. Pour être honnête, je n'avais pas peur de la distance de ma destination finale, du froid qui m'attendait ou le fait d'être loin de la famille... Mes mains étaient moites car je m'apprêtais à passer presque un jour, seul, dans un avion. Ce moyen de transport « n'est pas ma tasse de thé »...
Cette petite montée s'angoisse n'a pas duré très longtemps lorsque je fis la connaissance des hôtesses d'Amérique latine ! Avec ma caméra sur la tête, je ne passais pas inaperçu, et cela fit sourire beaucoup de passagers. De plus, la découverte de mon siège présageait une nuit confortablement agréable, rythmée par des séances cinéma. Bref, le service était sympathique.
J'avais une voisine polonaise d'un certain âge qui était toute contente de partir. Paraissant sociable, je commençai à discuter avec elle, utilisant une langue peu connue : le polo-franco-anglais. Sa réponse était aussi claire. Elle utilisa le langage des signes. Après réflexion, je trouvai un mot (souvenirs d'Erasmus) qui mit fin a cette conversation primitive. "good, lasdrovia !", soit "santé !" en français, avant de picoller... L'avion décolla et nous éclations de rire. GOOOOO !
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J-1 : La veille du BIG Départ
7 mois en arrière, à 2 heure du matin, dans un campus Erasmus, au fin fond des pays baltes, un email changea le cours de ma vie étudiante. Ma candidature avait été retenue pour devenir membre de l’équipe d’une expédition exceptionnelle au bout du monde... Ce moment était venu : "Oui, je pars demain en Antarctique".
6 mois m’a permit de collecter une somme de 19 200 euros via le système de sponsoring. Le but du sponsoring est de convaincre des entreprises, associations, école, ou autre afin de financer un projet en proposant à ces organisations des contres-parties en lien avec leur stratégies et engagements.
J’ai rassemblé 9 sponsors sur les 200 entreprises contactées ! Mais également, 89 personnes m'ont aidé a financer une partie du Projet. Merci encore !
Pendant cette période de l’année 2011, mon ordinateur (quasi offert de 11 pouces par mon école de commerce), et ma cervelle, avait fusionné. Mon coloc m’appelait « sale geek ». Dès que j’avais un moment de libre, je me précipitais dans ma caverne éclairée par un minuscule écran blanc qui n’était jamais noir avant minuit ou 1 heure du matin (je dors beaucoup, soit minimum 9h pour être bien, donc lorsque le réveil faisait le malin à 7h30, un lendemain matin, le mode « geek mort vivant » s’enclenchait). La recherche des sponsors se faisaient sur internet et les relances par téléphone… Sport et sorties devaient être mis de côté, si non je fonçais dans un mur. Une option qui n’étais pas envisageable. NON.
Bref, la veille de mon départ, cette étape de l’obsédé de l’informatique était ENFIN finit !
Mon travaille avait payé, mon Projet et son budget étaient bouclés par de bon ! Maintenant il était temps d’aller témoigner des effets du réchauffement climatique avec le célèbre explorateur Robert Swan en Antarctique, et partager l’expérience à mon retour. ACTION.
« Ah, donc c’est vraiment bon là ? » me posant la question devant un écran d’ordinateur . Je ne me rendais pas compte que je partais vraiment. J’étais complètement à la masse. Je faisais mon sac sans porter grande attention à ce que je mettais dedans.
Imaginez, s’aventurer sur la partie la plus isolée de toutes civilisations, et dangereuse du globe. Effectivement, c'est dur d'imaginer ca...
Ce "décalage psychologique" était d'autant plus important car, jusqu’au dernier moment, je me demandais si j’allais pouvoir partir ! Les 5 000 euros qui me restaient à réunir en une semaine se sont débloqués le jour de la date limite (le 20 Janvier). C'était le RUSH (plutôt stressant). Donc, encore sous le choc, je ne réalisais ce qu’il se passait. J’étais pris de cours...
Je remercie ma famille et mes amis pour leurs questions et encouragements qui m’ont remis « on the right track » et préparé psychologiquement au grand départ. YES.
Avant de me coucher, je pris le soin de regarder l’itinéraire sur la carte du monde : Départ Toulouse – Paris – Buenos Aires – Ushuaïa. Arrivé à la pointe de l’Amérique du Sud, « el fin del mundo », sachant que l’expédition commencera à partir de cet endroit…
J’ai pensé : « Hmm… Ca fait un peu loin quand même ».